A la découverte du monde, tel qu’il est vraiment
Gamping a rencontré Nicolas Breton, auteur du récit de voyage « Hors des sentiers battus, découvrir le monde autrement ». Il revient sur son aventure à la découverte du monde et des gens qui le peuplent…
1 – Bonjour Nicolas ! Pouvez-nous vous présenter votre voyage et votre livre ?
En 2013-2014, j’ai réalisé un tour du monde hors des sentiers battus durant 15 mois. Pendant ce voyage, j’ai décidé de sortir des normes et des conventions du tourisme classique pour expérimenter d’autres façons de voyager, alternatives et non formatées :
– Etre acteur et figurant à Bollywood,
– Loger chez l’habitant,
– Méditer et pratiquer le yoga dans des ashrams en Inde…
J’en ai tiré un livre ! Je raconte avec humour et passion le récit de mes aventures et livre de nombreuses informations pratiques et des clefs pour vivre des expériences similaires. A la fin de l’ouvrage, de nombreux conseils, des idées et des méthodes originales sont proposées pour voyager de façon alternative et responsable, comme le Couhsurfing ou encore le Gamping !
2 – Alors, quand est-ce que vous êtes rentré en France ? Cela doit être étrange après toutes ces péripéties aux quatre coins du monde !
Je suis rentré en mars 2014. Les premières semaines du retour, ce fut une orgie de bonheur, j’ai retrouvé tout ce qui me manquait en voyage : la famille, les amis, le confort et le fromage français ! Puis l’écriture du livre m’a permis de faire la transition entre ce périple et cette nouvelle vie sédentaire. Aujourd’hui, j’ai davantage la bougeotte qu’avant. Je suis pris entre l’envie de repartir sur les routes et celle de me sédentariser pour construire une vie de famille. Peut-être que j’arriverai à concilier les deux…
3 – Pourquoi avez-vous souhaité publier votre aventure ? Quelle a été votre manière d’écrire ce livre ? Vous l’avez fait pendant ou après votre voyage ?
Au départ, j’étais simplement parti réaliser un voyage initiatique autour du monde. J’avais un site internet pour partager mes expériences, mais l’idée d’écrire un livre ne m’avait jamais traversé l’esprit. Comme je voyageais seul, j’avais le besoin de partager, j’ai ainsi pris goût à relater mes aventures et je me suis découvert une nouvelle passion pour l’écriture.
Au même moment, je vivais des expériences insolites et hors du commun : être figurant et acteur à Bollywood, me lier d’amitié avec un moine bouddhiste, marcher dans la savane avec un guépard au Zimbabwe alors que je n’avais même pas prévu de me rendre en Afrique, partager le quotidien d’une communauté indigène au cœur de l’Amazonie, prendre un bain avec des dauphins dans le fleuve Amazone, boire pendant une semaine une plante hallucinogène avec un chamane et partir dans un voyage mystique vers une autre dimension de la réalité et de moi-même…
« Toutes ces aventures improbables et si instructives, ce serait dommage de les garder pour moi, peut-être pourrais-je écrire un livre ? », me dit-je. Mais ce n’était qu’une vague idée parmi tant d’autres. Puis au fur et à mesure du voyage, de plus en plus d’amis et d’inconnus m’envoyaient des messages encourageants :
« Tu as une belle plume et tes aventures sont incroyables, tu devrais écrire un livre. » Ils m’ont fait prendre conscience que cette idée pouvait un jour se transformer en réalité. Finalement, le déclic est venu de ce proverbe péruvien :
« Tu seras un homme quand tu auras fait un enfant, planté un arbre et écrit un livre. »
Dès mon retour en France, je me suis lancé dans l’écriture de cet ouvrage.
Aventure du Bout du Monde s’est vu intéressé par mon expérience et m’a proposé de me publier, à condition qu’en plus de raconter le récit de mon voyage, je livre des informations pratiques pour vivre des expériences similaires. C’est ce qui fait l’originalité et la force de ce livre. Des récits de voyage autour du monde, il en existe aujourd’hui des centaines, mais ils ne partagent pas leurs expériences. Cet ouvrage a le mérite de rendre l’aventure accessible au lecteur et de lui donner les billes pour se lancer à son tour.
Pendant les 9 mois d’écriture, je me suis rendu compte qu’écrire un livre est une aventure en soi. Avec du recul, je dirais que c’est bien plus compliqué que de réaliser un tour du monde…
4 – Quel a été votre itinéraire ? Il a été prédéfini avant votre départ ou vous voyagiez au rythme de vos envies, de vos rencontres ?
Voici mon parcours sur ces quinze mois de voyage :
– L’Asie du Sud-est : Cambodge, Laos, Thaïlande,
– L’Inde,
– Le Zimbabwe,
– L’Amérique du Sud : Argentine, Bolivie, Pérou, nord du Brésil, Colombie.
Je souhaitais effectivement voyager au rythme des envies et des rencontres. Pour cela, il ne faut pas trop prévoir et ne pas s’imposer trop de contraintes pour rester flexible et ouvert aux opportunités. Avant le départ, j’avais défini les grandes lignes. Je savais à peu près dans quels pays je souhaitais voyager, mais je ne savais pas combien de temps j’allais rester ni même ce que j’allais faire dans chacun d’entre eux. Et puis je me laissais l’opportunité de dériver…
Pour la petite histoire, je n’avais pas du tout prévu de me rendre en Afrique et je n’avais jamais entendu parler du Zimbabwe, je ne savais même pas le placer sur une carte. En Inde, j’ai rencontré Sara, une zimbabwéenne. Au moment des adieux, elle m’a dit :
« Tu viens quand tu veux au Zimbabwe. J’habite au milieu de la savane. Tous les matins lorsque je vais au travail, je croise des éléphants et des phacochères. Si tu viens me voir, je t’emmènerai camper dans la brousse.
– OK. Un jour peut-être », répondis-je rêveur, pensant que ça n’arriverait jamais.
Un mois plus tard, je recherchais sur internet mon billet d’avion pour me rendre en Argentine, ma prochaine destination. Un des vols proposait une escale à Johannesburg en Afrique du Sud. C’est à côté du Zimbabwe, j’ai saisi l’opportunité. Là-bas, j’ai campé dans la savane, je me suis retrouvé nez à nez avec une lionne, je me suis promené avec un guépard au milieu des arbustes et des herbes jaunies par la sécheresse… Le Zimbabwe fut le seul pays qui n’était pas prévu sur mon parcours, pourtant, ce fut le moment le plus exaltant de ce périple. Comme quoi, il est bon de ne pas tout prévoir lorsqu’on voyage…
5 – Pourquoi ce voyage ?
Ce voyage, c’est avant tout l’histoire d’un rêve qui s’est transformé en réalité. J’avais envie de troquer ma vie bien rangée contre le risque et l’inconnu, je ne voulais plus vivre l’aventure dans les livres à travers mes héros, je voulais la vivre pour de vrai.
J’étais poussé par ma soif de découverte, je souhaitais aller à la rencontre des autres et de moi-même. Je voulais voir ce monde de mes propres yeux pour mieux le comprendre et j’espérais mieux me connaitre en me confrontant à cette planète.
Et puis il parait qu’on a qu’une vie, moi je voulais en vivre plusieurs. Et chaque destination est une nouvelle vie, car voyager, se déplacer, c’est à chaque fois renaître et réécrire une nouvelle histoire…
6 – Nicolas Breton est-il le même qu’avant ?
Je crois bien que celui qui est parti de France n’est plus vraiment le même que celui qui est revenu…
J’ai un nouveau regard sur la vie, car comme le dit si bien Marcel Proust, « le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. »
7 – Beaucoup de gampeurs rêvent de partir comme vous. Avez-vous des conseils à leur donner pour que justement le rêve devienne réalité ?
Il ne faut pas attendre d’être prêt pour partir, car on ne l’est jamais. Avant le départ et jusqu’à la dernière seconde, j’avais de nombreux doutes et d’innombrables peurs. C’est normal d’avoir peur.
Entre la famille, le travail, les amis, les hobbies…, on a toujours une bonne excuse pour ne pas partir. Mais il faut être prêt à lâcher ce qu’on a pour réaliser ses rêves, car partir voyager, c’est aussi faire des concessions.
Et un dernier conseil : mieux vaut vivre ses rêves plutôt que de rêver sa vie…
8 – Vous avez souhaité voyager de façon alternative, rencontrer les locaux et partager leur quotidien. Avez-vous déjà eu recours au camping chez l’habitant ? Quel est votre ressenti ?
Lorsque je faisais de l’auto-stop en Argentine et lorsque j’étais en Amazonie, j’ai eu recours au camping chez l’habitant, enfin… plutôt au hamac chez l’habitant, car je me déplaçais avec mon hamac.
C’est une expérience agréable, car on a son espace intime (contrairement au Couchsurfing où on dort souvent sur un canapé dans le salon) et on se réveille avec la nature.
C’est une expérience enrichissante, car vivre chez l’habitant est selon moi la meilleure façon de s’immerger dans une nouvelle culture en partageant le quotidien ou un bout de vie avec les locaux. Et puis nul ne sait où la magie d’un échange peut mener…
C’est aussi un bon moyen de voyager responsable et eco-friendly, car on partage les ressources avec notre hôte notre empreinte carbone est réduite.
9 – Pour finir, une petite anecdote à partager avec les gampeurs ?
Une petite anecdote chez l’habitant… J’étais figurant pour un film Bollywood à Mumbai en Inde avec des Iraniens et des Afghans. Je devais me rendre à Pune pour méditer dans un ashram (lieu destiné aux exercices spirituels). Mes collègues afghans et iraniens étaient tous étudiants dans cette ville. Un bus couchette les y amenaient. Ils m’ont proposé de partir avec eux et j’ai reçu dans la foulée une dizaine de propositions d’hébergement. J’avais prévu d’aller à Pune pour méditer et boire du thé dans un ashram, et je me suis retrouvé à refaire le monde et boire du vin dans un appartement. La purification et la spiritualité ont du attendre…
Vous repartez quand 🙂 ?
Seul l’avenir me le dira…
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